- rassasiement
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♢ Fig. Satisfaction qui va jusqu'à la satiété (spécialt jusqu'au dégoût). « Du rassasiement des désirs peut naître [...] une sorte de désespoir » (A. Gide).⇒RASSASIEMENT, subst. masc.A. — Rare. Action de (se) rassasier; résultat de cette action. Le rassasiement produit le dégoût (Ac. 1935). Quelque chose descendit en moi, quelque chose qui me parut meilleur que le rassasiement de mes intestins (BLOY, Hist. désobl., 1894, p. 178).B. — Au fig. Action de satisfaire jusqu'à satiété les désirs, les aspirations, les passions de quelqu'un; résultat de cette action. Il y avait aussi chez la plupart, et chez les hommes de guerre tout les premiers [en 1814], fatigue, épuisement, rassasiement comme après excès (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 69). Il s'étendit sur son lit, la bouche amère; et il faisait des rêves de tendresse calme, de repos contre une épaule, signe chez lui du rassasiement, de l'épuisement (MAURIAC, Ce qui était perdu, 1930, p. 97).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Fin XIIe s. razaziement « état de l'âme qui se rassasie de l'amour divin » (Sermons de St Grégoire, éd. K. Hofmann, p. 42, 14); b) fin XVe s. rassaisiement au propre (Ancienn. des Juifs, Ars. 5082, f ° 173 v °, col. 2 ds GDF. Compl.). Dér. de rassasier; suff. -ment1; cf. a. fr. resasiement « dégoût » (ca 1165, BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 25049 ds T.-L.) et m. fr. « état de l'âme qui se rassasie de l'amour divin » (ca 1340 [ms. 1474] Lament. Mons. S. Bern., Richel. 916, f ° 11d ds GDF.), dér. de ressasier, v. rassasier. Fréq. abs. littér.:28.
rassasiement [ʀasazimɑ̃] n. m.ÉTYM. 1538; rassaisiement, XIVe; de rassasier.❖♦ Rare.1 État d'une personne rassasiée; fait d'être rassasié (de quelque chose).2 Littér. Fig. Satisfaction complète, satiété. || Un rassasiement de…1 J'ai du moins ceci, d'avoir éperdument convoité la Justice et j'espère obtenir le rassasiement qui nous est assuré par la Parole sainte.Léon Bloy, le Désespéré, p. 261.2 (…) il éprouve que du rassasiement des désirs peut naître, accompagnant la joie et comme s'abritant derrière elle, une sorte de désespoir.Gide, les Faux-monnayeurs, I, VII.
Encyclopédie Universelle. 2012.